La démocratisation de la plaisance et les sardines en boîte.

Publié le par Grassineau Benjamin

 

Loin, très loin dans les tréfonds de la civilisation moderne, il y a l'internaute moyen. Il se positionne tout en bas de l'échelle de l'évolution humaine, dans les caveaux de l'humanité déclinante. Le mouton est de loin bien plus original, ambitieux, plus insaisissable dans son comportement, que cette espèce régressive qui s'imagine avoir trouvé un sens à son existence en squattant des forums. L'internaute moyen se caractérise par son goût de l'ordre et de la sécurité, il aime la foule. Et il aime surtout la hiérarchie. Il n'est à son aise que lorsqu'un modérateur ou un administrateur traîne dans les parages. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, ce qui caractérise Internet aujourd'hui, c'est la hiérarchie. On ne peut pas y couper, le réseau des réseaux est en train de devenir une immense machine à classer, où quelques tyranneaux font régner leur loi impitoyable sur les forums, méga-sites ou autre bidules soi-disant communautaires. Pendant ce temps, tout le monde continue à s'imaginer qu'Internet va rester un réseau libre et ouvert... Mais l'a-t-il jamais été ? Ben tout dépend ce qu'on veut en faire...

 

On peut faire d'Internet un outil de communication et de transmission des savoirs, simple, efficace et convivial. Un méga-forum. Mais c'est hélas sans compter sur la présence de petits chefs militaires déjà bien implantés... Car il y a sur Internet, comme partout ailleurs, des ambitieux minables, qui jouissent dès qu'ils ont un peu de pouvoir entre les mains. Ils n'attendent qu'une chose, pouvoir en coller plein la gueule à un newbie, ou à un pauvre type qui erre sur les forums en quête de renseignements ou de discussions sincères. Bien sûr, tout le monde n'est pas à la hauteur. Il y en a qui sont plus gradés que d'autres. En général parce qu'ils ont été parmi les premiers à créer un site (sans idées, mais ils ont occupé le terrain en premier) ou parce qu'ils ont un pauvre statut minable qui leur donne un peu de pouvoir. Derrière ces chefs autoritaires, dignes héritiers du lieutenant-caporal de nos casernes, il y a les petits caporaux qui suivent leurs lieutenants docilement. Ils forment un vaste troupeau, toujours prêt à s'en prendre au pauvre malheureux qui aurait l'outrecuidance de faire un pas de travers sur un forum. Ils cherchent le bouc-émissaire, la victime, la petite minorité à haïr, c'est plus fort qu'eux. C'est congénital. Généralement, ce sont de pauvres types, gras et laids, rivés dans leur fauteuil, qui suent à grosses gouttes derrière leur ordinateur, donc il faut bien qu'ils compensent. Dans leur petite vie minable, ils s'en prennent plein la gueule. Sur Internet, ils décompensent. Ces types sont donc bien en deçà des amibes. Ce sont de pauvres rats qui se battent pour un bout de lard, des descendants de paysans habituer à trimer et à tirer le boeuf. Des débris qui tremblent dès qu'ils voient un galon.

Voil. Ab. (définition : c'est une fiction, une entité virtuelle où se regroupent les voileux aberrants, abrutis et abrutissants. Tant mieux pour ceux qui comprennent) est un regroupement de ces pauvres hères. Et puisqu'en bon clochard marin, j'ai vais parfois les insulter pour me faire éjecter de leur terrasse de gens bien pensant, je vais en rajouter une couche. Les bouffons de Voil. Ab. veulent démocratiser la plaisance. Grand mal leur en prend. Car faut-il voir autre chose dans leur programme qu'une sorte de croisée de missionnaires bien disciplinés qui s'imaginent faire oeuvre de bienfaisance en répandant la parole divine ? Ben non. La démocratisation de la plaisance, c'est une hypocrisie. C'est une des nombreuses variantes d'un gros foutage de gueule généralisé qui consiste à faire croire aux pauvres que si ils font ce que les bourgeois font, ou si ils ont ce que les bourgeois ont, ils iront vers plus de démocratie. Ce qui est surprenant dans l'histoire, c'est que ça fait trois cent ans qu'on nous balance cette rengaine et qu'il y a encore autant de gens pour y croire.

 

Bon, mais parlons-en de cette démocratisation de la plaisance. C'est quoi le but ? Le but, pour certains, c'est de pouvoir faire comme les riches. Stop. Arrêtons le délire. La voile, ça ne coûte rien. A l'origine, c'est un truc de pauvres, un truc de gars normaux, comme vous et moi. Ce qu'on veut nous faire gober, c'est que la démocratie, c'est le fait d'avoir accès à ce que les riches ont, à leur manière de faire et de penser. Mais dans ce cas, la démocratisation, c'est le renforcement des privilèges des privilégiés. C'est croire que ceux qui n'ont pas, doivent envier ce que les privilégiés ont. Et qu'est-ce qui fait le privilège de ces privilégiés ? C'est de s'imaginer qu'on les envie. C'est de se croire au sommet de la pyramide. Aujourd'hui, la démocratisation de la plaisance, c'est ça. Il faut faire de la voile comme la font les riches. Et c'est à cette condition qu'on se démocratise... Partant de là, il y a une montagne à gravir, avec toutes les étapes. Au final, si tu te comportes bien, si t'as bien suivi toutes les leçons, tu peux espérer avoir un 12-13 m à 60 ans pour faire ton tour du monde. Manque de bol, t'en as tellement trimé toute ta vie pour te payer ton bijou, que t'es devenu un gars super con, qui maugrée sans arrêt dans sa moustache, et qu'a franchement plus envie de faire grand chose. T'y vas, tu le fais parce qu'il faut le faire, mais tu ferais le tour de Floride en camping-car, ça reviendrait au même. En fait, t'as même plus envie de baiser, et c'est pas demain la veille que t'iras courir les p'tites dans les ports. Dans le pire des cas, t'es devenu un sac à vin (parce que le plaisancier, en général, ça picole) incapable d'aligner deux phrases sensées; au mieux, t'es un de ces espèces de vieux retraité bien portant qu'est franchement super con, et qui reste dans son coin à dilapider son capital. Il y a rien d'autre à dire là dessus. T'es super naze, t'es un vieux méprisant, tu sens l'odeur du fric qui se disperse. Point.

 

Voilà donc à quoi nous mène cette démocratisation de la plaisance. À une armada de camping-cars qui vont envahir nos ports et polluer la mer. Le comportement de ces nouveaux riches ne différera pas de l'amateur moyen de camping-car. Pour sûr, à force de se refiler des bons tuyaux, ils auront des plans pour naviguer pas trop cher avec du bon matos. Mais ils s'entasseront tous dans les ports comme des sardines dans une boîte. Ils pollueront en masse les mêmes coins, parce qu'ils sont grégaires, ils aiment la foule. Il n'y a qu'à aller sur un forum de Voil. Ab. pour s'en convaincre, c'est déjà des petits moutons dociles, qui se sont collés des grades de militaires en fonction de leur ancienneté sur le forum, et qui sont prêt à gueuler tous en choeur, pour éjecter un clochard marin. Ils ont ça dans le sang. Ces gars là ne sont rassurés que lorsqu'ils sont du bon côté de la barrière. Et pour se sentir dans le rang, pour monter d'un échelon, pour se sentir supérieurs, il leur faut des marginaux. Ça les valorise. Donc pour sûr. Ils les reniflent de loin. Dès qu'il y en a qui traîne dans les parages, tu peux être sûr qu'ils vont se jeter dessus en rangs serrés.

 

C'est ça la démocratisation ? Sûrement pas. La démocratisation c'est le respect des libertés, l'ouverture, la tolérance. C'est la quête de l'égalité et de la diversité. La voile, c'est justement ce qui permet de s'ouvrir l'esprit, de rencontrer des gens différents, d'avoir un mode de vie différent, de changer de point de vue, d'apprendre la tolérance et le respect des différences. C'est en ce sens que c'est démocratique. Et voilà ce qu'est la vraie démocratisation de la plaisance. Après, chacun peut se faire sa poubelle flottante à sa manière. Y a pas besoin d'en parler trois plombes. Mais leur manière à eux de faire de la voile n'a rien à voir. Elle est aux antipodes. Ce qu'ils veulent, c'est parler de fric, de matos et de destinations dans le vent. Le hic, du coup, c'est qu'ils s'entassent tous en rang dans les mêmes ports, et qu'ils ne rencontrent plus que des gens comme eux. Et de quoi ils parlent quand ils se croisent ? De fric, de matos et de destination dans le vent. Alors après, comment ça pourrait leur ouvrir l'esprit ?

 

Des sardines en boîte. Franchement, c'est des sardines en boîte. Y a rien d'autre à dire.


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B
J'ai écrit cet article particulièrement virulent suite à une embrouille sur un forum de voile où j'ai fini par me faire éjecter du forum. D'où l'aspect vindicatif de l'article. Je l'ai aussi écrit parce que j'en ai marre d'être sans arrêt confronté sur Internet à des gens qui commencent à jouer aux petits chefs. Bien sûr, la plupart des internautes sont des gens très cools, très respectueux de la pensée d'autrui, mais j'en ai marre de me faire insulter, prendre la tête, agresser par des excités dès que je sors un truc un petit peu hors des sentiers battus sur un forum ou une page de discussion sur Internet. Voilà, en espérant qu'Internet ne devienne pas le truc pas cool que je décris ici, une méga-machine à classer les gens, avec sa hiérarchie, ses petits chefs et tout le bataclan. Je m'excuse pour ceux qui ont peut-être pu se sentir blessés ou visés par ce coup de gueule.Benjamin.
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